Discussion entre Ismail et moi sur mes règles morales

Discussion entre Ismail et moi sur mes règles morales

Bruno

Je ne suis d’accord avec aucune des six théories, c’est pourquoi je m’abstiens de résumer l’une d’entre elles. J’essaie normalement d’appliquer une morale qui m’est propre, selon laquelle chaque individu a le droit de négocier de manière créative une moralité différente avec chaque autre individu, moralité à appliquer dans les relations bilatérales avec cet individu et pas nécessairement avec d’autres, dans l’intérêt des deux parties, avec d’éventuels compromis en cas de conflit d’intérêts.
En ce qui concerne les rapports, non pas bilatérales, mais d’un à plusieurs, c’est-à-dire envers une certaine communauté, un groupe ou une catégorie de personnes caractérisés par certaines valeurs partagées, chaque individu devrait respecter les valeurs caractéristiques de cette communauté, à l’exception des valeurs qui sont, à son propre jugement, nuisibles ou trop désavantageuses pour lui-même et/ou pour l’humanité. À cet égard, j’ai formulé un ensemble de règles morales que vous pouvez lire sur https://vangelolaico.dardo.eu/regles-morales .

Ismail (réponse à Bruno)

C’est un peu compliqué de dire que tu n’es d’accord avec aucune, parce que jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas de théorie morale autre que ces six là (sauf si on va chercher dans des théories hybrides ou dérivées). Mais, je sais que tu es pragmatique et en philosophie morale, le pragmatisme est souvent lié aux théories utilitaristes et aux théories sur le bonheur. En lisant certaines de tes règles morales, je constate que c’est un amas de tout. Il me semble que tu es plutôt d’accord avec toutes les théories. Tu as des règles qui montrent une inclinaison vers la théorie de la vertu, d’autres vers le devoir, d’autres vers l’utilitarisme, d’autres vers le bonheur… Mais sans une explication de comment peut-on faire la réconciliation entre ces théories (qui pour certaines s’excluent les unes les autres), on arrive à un amas de maximes qui peuvent se contredire.
Exemple: on peut pas dire que d’un côté, il faut respecter les codes d’une communauté et ensuite “Considérez que chacun a raison de son propre point de vue et que chacun voit la réalité à sa manière” et ensuite “En évaluant le bien et le mal en quoi que ce soit, prenez en compte les intérêts de l’espèce humaine ainsi que ceux des individus” et encore ensuite “Considérez que toute vérité est partielle et susceptible d’être remplacée par une vérité plus crédible ou plus satisfaisante.”Il est claire que c’est des règles contradictoires puisque d’un côté on parle de respect des règles d’une communauté mais après on dit que tout le monde a raison de son propre point de vue. Il est clair aussi que ce qui détermine la validité d’une règle morale n’est pas le respect des codes mais si ces codes contribuent à, non pas le bien être de la communauté, mais de l’espèce humaine. Ainsi, ceux qui ont des codes moraux nuisibles à l’espèce humaine ne peuvent pas avoir raison.
Tu as l’air d’être plutôt utilitariste. Mais comme Pascaline l’a déjà résumé, je te conseil de prendre la théorie du bonheur. Ça correspond le plus à tes règles.

Bruno (réponse à Ismail)

Cher Ismail, je te remercie pour tes commentaires. Les contradictions que tu as relevées dans mes règles morales sont dues au fait que ma morale est relative et variable, c’est-à-dire que les règles peuvent changer en fonction des situations, des contextes et des interlocuteurs. C’est pourquoi je refuse de choisir et d’adopter une quelconque “théorie” morale, et encore moins une religion. Ce serait comme accepter d’être dans le lit de Procrustes. Cepentant, je prends dans chaque théorie, et dans chaque auteur, ce qui me semble “utile” et raisonnable, même chez les philosophes idéalistes, contre lesquels j’argumente souvent.
Quant à la phrase “chacun a raison de son point de vue”, je ne veux pas dire que, sur les questions morales, tout le monde ou personne ait raison, mais que “psychologiquement” chacun a son propre mode de raisonnement d’où résultent des vérités et des valeurs subjectives dont il faut tenir compte pour interagir de manière constructive. Il n’en reste pas moins que chacun a la responsabilité morale de choisir, ou de formuler de manière originale, sa propre vérité.
En conclusion, je pense que la nature humaine est trop complexe et encore insuffisamment explorée pour être “définie” par une quelconque théorie, et qu’aucun philosophe n’a complètement raison ou complètement tort, et qu’aucun auteur n’est suffisant pour comprendre le monde, la vie et l’homme.

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